songes d'un art aimé
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 Criminel Insolite et pittoresque de l'Ancien Paris

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julie
Boss Hogg
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Date d'inscription : 05/04/2005

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MessageSujet: Criminel Insolite et pittoresque de l'Ancien Paris   Criminel Insolite et pittoresque de l'Ancien Paris Icon_minitimeVen 18 Nov - 13:04

LE BARON LAUDANUM

"A ces questions, l'expérience répond que la prostitution, la pire assurément de toutes les calamités sociales, est un mal complexe que l'on ne saurait assimiler à aucun autre, et que l'on ne peut extirper par des mesures administratives, quelques prudentes et sévères qu'elles soient, sans s'exposer à provoquer une réaction plus dangereuse peut-être que les conséquences qu'il entraîne.
Produit de la misère, des passions, des désordres physiques et moraux, la prostitution est engendrée par des causes fatales qui pèsent sur l'humanité et vivront autant qu'elle."
M. de Goulhot de Saint-Germain, sénateur, Paris, Juin 1865


Un criminel d'un genre particulier défraye les chroniques mondaines et terrorise la bourgeoisie. Est-ce un habile cambrioleur? Un impitoyable assassin? Ni l'un ni l'autre. Il s'attaque à ce que les bourgeois et les aristocrates ont de plus cher: la vertu de leurs filles promises en mariage.
Dieu! C'est un violeur alors, un de ces ignobles individus aux regards de feu qui traînent la nuit dans les ruelles parisiennes... Non plus.

Mais écoutons plutôt le témoignage de Marie-Agnes Mercueil, jeune demoiselle de 18 ans qui, à la veille de son mariage avec Auguste Rudon, un industriel de 45 ans à la tête d'une non négligeable fortune, a reçu la visite du Baron Laudanum.

"Je me suis couchée sur les coups de neuf heures comme à mon habitude. La femme de chambre m'a monté un verre de tisane, et j'ai lu quelques pages de la bible avant de souffler la bougie. Malgré mon excitation compréhensible, j'allais me marier le lendemain, je me suis rapidement endormie. Je ne saurais dire ce qui s'est passé ensuite, mais dans mon sommeil, j'ai bien senti qu'un vent froid chatouillait ma... gorge. Au matin, je me suis rendu dans mon cabinet de toilette. La petite fenêtre était ouverte et j'ai maudit ma femme de chambre. Cette fenêtre doit rester fermé sinon les chats du quartier s'introduisent dans la maison et... Oh mon dieu ! s'il ne s'était agi que de chats. Dans le reflet du miroir, j'ai vu les taches noires au-dessus de ma poitrine. J'ai ouvert ma chemise de nuit et... J'ai hurlé... hurlé... La femme de chambre est accourue. Elle m'a vu et elle s'est évanouie! Il y en avait partout sur mes seins, sur mon ventre, sur mon dos... De ces mots! Je n'oserais les dire à haute voix. Je ne peux plus me présenter à mon futur époux. Qui voudrait d'une épouse ainsi maculée, ainsi... graffitée!"

Ce que Marie-Agnes n'ose pas raconter, c'est qu'un inconnu s'est introduit dans sa chambre en passant par la fenêtre laissée ouverte, que d'une manière où d'une autre il a drogué la pauvre jeune fille, et qu'il a ensuite profité de son sommeil opiacé pour tatouer sur son corps des textes que la morale réprouve.

Dans les six autres affaires que l'on peut imputer au Baron Laudanum, le scénario est similaire.

Après chacun de ses crimes, le baron laudanum envoie à la presse un petit mot écrit sur du mauvais papier qu'il authentifie avec une mèche de cheveux prise sur sa victime. La teneur de ces billets est à peu près toujours la même:
"Les filles de bourgeois ne sont que des catins. Je vous en donne la preuve. Je ne fais que montrer ce qu'elles cachent dans leur ventre. Leurs maris devraient me remercier. Signé Baron Laudanum"

Mais qui est le Baron Laudanum dont les exploits terrorisent la bourgeoisie et font se gausser le peuple?

Il s'appelle Jean-Pierre Guillonot. Issu d'une famille misérable, il s'est engagé très jeune sur des navires marchands. C'est là qu'il apprend la technique du tatouage. Lui-même est tatoué (sur les cuisses) d'un curieux mélange d'images pieuses, et d'évocations de prostituées. A vingt cinq ans il profite d'une escale sur les cotes chinoises pour fuir la vie de marin. Il erre quelques temps d'un comptoir commercial à l'autre, prenant goût à l'opium, et se faisant des amitiés dans des milieux peu recommandables. Il réalise plusieurs opérations commerciales fructueuses et se retrouve en quelques années à la tête d'une jolie fortune. Il revient en France, fier et victorieux, ne craignant plus la justice. Il continue à fumer de l'opium et à fréquenter les bordels, mais son ventre s'arrondit d'une plénitude toute bourgeoise. A 38 ans il décide de prendre femme. Il fait la rencontre d'une jeune personne de 16 ans, fille d'un négociant fort riche. Elle est pâlichonne, maigre, de faible constitution, peu à son goût, mais qu'importe, il se marie... L'acte est laborieusement consommé pendant la nuit de noce. Cette jeune fille, Thérèse, est une sainte nitouche qui le reprend lorsqu'il jure, qui lui reproche ses sorties nocturnes, mais qui cache également son jeu. Car quelques semaines après le mariage, Jean-Pierre est terrassé par la Syphilis. Il accuse tout d'abord ses fréquentations féminines dissolues, mais se rend vite compte que seule son épouse peut être à l'origine de sa maladie (depuis leur mariage, et pour éprouver sa propre volonté, il s'est abstenu de toute relation extra-conjugale). Il découvre alors que Thérèse a de nombreux jeunes amants qui tournent autour de la maison comme des chats en rut. Une nuit, l'esprit embrumé par la fièvre, il abat deux de ces jeunes hommes trop entreprenants (deux soi disant poètes, sans le sou, et qui profitaient sans vergogne de la fortune de Thérèse). Il manque de faire subir le même sort à son épouse avant de disparaître.

Il y a peu de traces de ces incidents. La famille de Thérèse, craignant le déshonneur et la ruine qui le suit généralement, a dépensé beaucoup d'argents pour étouffer l'affaire. Thérèse est envoyée au couvent et Jean-Pierre Guillonot est déclaré "disparu sans laisser d'adresse".

Quelques années plus tard Jean-Pierre Guillonot, souffrant de troubles nerveux persistants dus à la Syphilis, devient le Baron Laudanum, un criminel qui s'ingénie à humilier les jeunes femmes de la bourgeoisie à la veille de leurs noces. Il transporte avec lui, cachés dans les poches d'un grand manteau, son nécessaire à tatouage, un exemplaire de "Justine ou les Malheurs de la Vertu" (dont il copie les passages les plus osés), une bouteille de laudanum et un compte goutte qui lui permet d'introduire la drogue dans la bouche de ses victimes endormies. Il a aussi un pistolet, mais celui-ci n'est jamais chargé.

Jean-Pierre Guillonot se cache dans un petit bordel parisien. La maquerelle et ses filles se sont faites ses complices volontaires. Elles lui apportent des renseignements, et parfois se font engager comme femme de chambre, ou comme cuisinière dans la demeure qu'il a prise pour cible. "J'vous l'dis, ces filles de bourgeois, elles sont pas meilleures que nous. Elles ont de l'éducation, d'accord, mais pas plus de virginité que la plus putain des putains... Le Baron Laudanum, il fait que dire la vérité!"

Le Baron Laudanum est devenu le héros des artistes, des anarchistes et des filles de petite vie. Et déjà tout un bataillon de charlatans propose aux victimes d'effacer de leurs corps, soi par chirurgie, soi à l'aide d'une quelconque lotion miraculeuse, les graffiti licencieux. Les résultats sont évidemment désastreux. Un éditeur publie des opuscules pornographiques dont le baron laudanum est le héros. Chacun fait son beurre. Et les bourgeois tremblent...




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