Les nouvelles de Petersbourg est un recueil de 7 nouvelles; recueil en épanadiplose puisqu'il s'ouvre avec Pétersbourg et se ferme avec Rome (étrangement d'ailleurs).
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La perspective Nevski: Deux hommes dans un parc remarquent deux femmes. Chacun va tenter de séduire l'une de ces femmes. C'est ainsi que
Piskariov va découvrir la débauche chez l'une, prostituée et
Pirogov, quant à lui, va s'amouracher avec la femme d'un artisan vulgaire et fruste.
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Le nez: Le major
Kovaliov se réveille un matin s'aperçevant que son nez a disparu, laissant au milieu de son visage un plat lisse étrange. Là va commencer les périples d'un homme ridiculisé,
Gogol s'amusant du cliché du fonctionnaire russe alcoolique. Une quête étonnante qui démontre qu'un sujet au départ anodin et futile prend une dimension étonnante, drôle et pathétique.
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Le portrait:
Partie 1; Un artiste peintre pétrit de talent mais sans le sou décide de sacrifier son art et son âme pour peindre des tableaux fades et insignifiants mais très rémunérateurs. La gloriole et les assignats ne vont pas cacher longtemps ce qu'il est devenu, un fat sans scrupule.
Partie 2; Pendant une vente aux enchères, l'assemblée reste subjuguée par un tableau figurant le portrait d'un homme dont les yeux semblent habités. C'est ainsi qu'on va découvrir l'étrange origine de ce tableau maléfique et l'influence terrible qu'il exerce sur ses propriétaires.
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Le manteau:
Akaki Akakiévitch, fonctionnaire zélé et solitaire n'a qu'un but dans sa vie, recopier encore et toujours les lignes des rapports de son supérieur. Le long fleuve tranquille et austère de son existence va être bousculé par son nouveau manteau. L'achat épique d'abord puis le vol dramatique de ce dernier vont entrainer ce pauvre
Akaki dans les faubourgs de Petersbourg où les bandits-voleurs, loins d'être manchots, sont de curieux fantômes à moustaches.
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La calèche: Encore une fois,
Gogol s'amuse ici à railler ces hommes qui jouent des rôles qui ne sont pas les leurs. Sur fond d'alcool,
Pythagore Pythagorovitch Tchertokoutski, aristocrate d'une bourgade provinciale russe abandonnée et triste va inviter un colonel de régiment pour lui montrer sa "superbe" calèche. Mais les lendemains de fête sont quelquefois difficiles et conséquemment les promesses difficiles à tenir.
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Les carnets d'un fou:
Axenti Ivanovitch, fonctionnaire, s'éprend éperduement de la fille de son supérieur hiérarchique. L'admiration de la classe et du faste de la jeune fille va se transformer en passion obsessionnel entretenue dans un journal intime, témoin du trouble psychologique progressif qui envahit
Axenti. L'altération mentale de la fin de la nouvelle est pathétique et drôle; qui sont donc ces espagnols magnifiques qui se rasent la tête ?
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Rome (fragments): Dernière nouvelle de l'oeuvre,
Gogol nous emmène dans un long périple. Un jeune homme est envoyé en France pour poursuivre ses études; il découvre alors avec une jubilation extrême ce pays des Lumières après avoir quitté un Italie qui l'ennuyait. Pourtant la lassitude va le gagner et son retour en Italie va être pour lui le révélateur d'une vérité longtemps enfouie, Rome l'éternelle est bien la plus belle et celle qui touche le plus profond de son coeur. Cette nouvelle picaresque est un hymne à Rome et au retour aux sources.
Mon avis: L'ensemble est assez équilibré, Gogol semble avoir un compte à régler avec les fonctionnaires et les aristocrates. L'écriture est très belle sans jamais être pompeuse, sauf peut-être pour
Rome empreinte d'un lyrisme qui m'a agacé au plus haut point; sans doute parce que je ne suis pas du tout "latin" ce panégyrique de Rome ne m'a pas touché. D'ailleurs quand Gogol glorifie rome au travers de ses artistes ou monuments, il fait l'éloge des gens qui arpentent la perspective Nevski de Petersbourg, et c'est ce que je préfère.
En somme, j'ai beaucoup apprécié ces nouvelles à l'exception de la dernière. Ici l'homme est perfectible et les femmes, fortes et décidées; l'humour côtoie le fantastique et le pathétique dans un ensemble très agréable.
Ma note: 7/10 (8 si on y avait enlevé Rome)