Difficile de choisir par quel poème commencer. Alors... On verra bien ! Celui-ci, par exemple...
L’Eau
Ce n’est pas un ruisseau qui s’écoule tranquillement. Ce n’est pas ce ruisseau que l’on traverse en marchant sur les pierres, facilement, main dans la main. Non. C’est l’océan que j’ai devant moi. C’est la vie qui s’ouvre à moi. Il n’y a pas d’embarcation. C’est au corps à corps qu’il faut traverser. Alors je m’élance. J’entre dans l’eau. Mon corps s’habitue à la fraîcheur. J’ai l’impression de flotter. Je suis l’océan. J’avance encore et j’ai la tête sous l’eau. Tant pis, je continue. Mais je ne sais pas nager.
Je coule.
Le Feu
Je veux continuer. Être encore la glace et le feu. Je veux vivre. Vivre et me consumer. Je sens la chaleur qui possède mon corps. Je veux bouger. Je veux respirer. Je laisse le feu m’envahir. Je vais crier tout ce que j’ai, jusqu’à ce que mes entrailles crament. Je veux vivre à m’en réduire en cendres. Et puis je pourrai crever.
Je brûle.
La Terre
Je voudrais me débarrasser de ce corps. Le réduire en poussière. Le réduire à néant. Il doit retourner à la Terre. Être enfoui profondément et disparaître. Être dévoré. Je ne veux pas de lui. Il est trop grand et trop petit. Il est horrible. Horriblement difforme. Il me fait souffrir. Je veux qu’il soit enterré, loin, et qu’il ne revoit plus le jour.
J’étouffe.
L’Air
Je suis au bord du gouffre. Je suis debout, à la limite. Je me penche un peu, pour voir. C’est tellement profond, j’en ai le vertige. Je reste sur mes gardes. Mais j’en ai tellement envie. Envie de perdre l’équilibre. Envie de me jeter dans le vent. Une seule fois. La dernière fois, évidement. Je plonge. Et l’air me porte.
Je vole.