Y a qu'à demander !
Ca y est, enfin, ça y est ! Ce ne fut pas sans mal, mais cette fois, j'ai enfin eu le bonheur de voir sur scène ceux que je me plais à appeler "le groupe le plus génial du monde après Cure" ! Il a vraiment fallu qu'on soit motivés, ma p'tite femme et moi, car on a eu de sacrées galères pour arriver à Avenches.
Equipée abracadabrantesque que je vais tenter de vous résumer : on avait un billet voyage + concert, au départ d'Annecy, mais le départ avait été avancé d'une heure ; tout le monde avait été prévenu par téléphone, mais évidemment, moi, point de numéro... Heureusement, ne voyant pas de bus arriver, j'appelle un numéro d'urgence où on me dit tout ça ; seule solution, filer à Avenches en voiture, où on nous remettra le billet de concert devant la gare. Galère galère pour y aller : on décide de ne pas prendre l'autoroute pour ne pas payer la vignette (30 euros à l'année : pas cher pour les habitués, mais véritable racket pour ceux qui ne font que passer !), mais ayant déjà mis une bonne heure pour traverser Genève, tels des délinquants moyens, on finit par prendre l'autoroute sans payer, merde alors, faut pas déconner... De toute façon, c'était ça ou adieu le concert.
Bref, on a fini par arriver à temps, mais par contre, il semble que ce soit mal barré pour se faire rembourser la différence, ce qui pourtant serait la moindre des choses ; enfin, je ferai un courrier et on verra...
Je sais, ça rappelle un peu, pour ceux qui s'en souviennent, la review de la secte à St Malo l'année dernière, style "dès que je sors de mon bled, je suis un asocial", mais bon, d'habitude ça se passe quand même mieux quand je vais à un concert, et puis tout ça, c'était vraiment indépendant de l'insu de notre plein gré...
Le concert, me direz-vous, et vous aurez bien raison...
Hallucinant, baffe énorme, état d'hypnose absolue, et pourtant tout était loin d'être parfait : pas mal de problèmes techniques qui ont fait que le groupe, parfois, semblait ne plus y être tout à fait. Mais ce qui a rendu ce moment si intense, c'était à la fois de voir avec quelle énergie ils surmontaient l'adversité dès le morceau suivant, et aussi les voir
descendre sur terre : tout ce que j'avais pu voir ou entendre de Radiohead sur scène jusqu'à présent m'avait toujours paru si parfait que cela en devenait surhumain. Du coup, j'ai encore plus aimé voir un groupe qui éprouvait des difficultés, qui ramait pour en venir à bout, même si cela a semblé refroidir une partie du public, pas toujours très enthousiaste.
Malgré les problèmes, le son était énorme, à la fois puissant et distinct, basse généralement très en avant. Thom Yorke n’était pas très bavard, mais il me semble que d’habitude, il n’est pas non plus extrêmement volubile.
A noter qu’ils n’ont joué que deux nouveaux morceaux, alors que lors de la tournée américaine, ils en jouaient 6 ou 7 par concert. Certains déplorent d’avoir eu si peu de nouveau matériel à se mettre sous la dent ; pas moi, car je n’ai jamais vraiment aimé découvrir trop de nouveautés en même temps sur scène, et je n’aime pas réellement qu’un artiste impose beaucoup de chansons inconnues à un public qui est avant tout au concert pour entendre les chansons qu’il connaît et qu’il aime…
De toute façon, après s’être autant battu, rien de contrariant ne pouvait plus arriver. D’ailleurs, ce concert était le mien, comme vous allez le comprendre plus loin…
La setlist :There There The National Anthem : monumental, comme attendu, avec un son à faire trembler les pierres des arènes
LuckyKid A : superbe, avec la voix de Thom Yorke très joliment distordue
Bangers'N'Mash : pas sûr du titre ; nouvelle chanson, en tout cas, Thom Yorke joue quelques notes sur une petite batterie
My Iron Lung : le gros incident du concert ; Thom a un gros problème en retour de voix, il n’entend qu’un gros larsen qui l’empêche totalement de chanter ; il est alors obligé de s’arrêter après deux couplets et est imité par le groupe. Très ennuyé, il s’excuse humblement, propose au public de "forget what happened", avant de reprendre la chanson au début et d’en donner une version particulièrement énergique
Karma Police : tout se passe bien mais, de façon mystérieuse, Jonny Greenwood se coupe le doigt en jouant du piano ! Il fait venir un soigneur qui lui met un pansement, sous les railleries de Thom Yorke…
Morning BellI Might Be WrongStreet SpiritClimbing The Walls : de nouveau des problèmes techniques, Colin Greenwood, le bassiste, semble avoir des soucis avec son retour, et le son s’en trouve très affecté, approximatif
MyxomatosisPyramid Song : Thom s’assoit au piano et déclenche l’hilarité en disant « There’s blood on the piano ! ». La chanson est magnifique, une de mes préférées, avec sa rythmique incompréhensible et ensorcelante dans une ambiance très intimiste et Jonny joue de la guitare avec un archet…
Down Is The New : nouvelle chanson, extraordinaire ! Thom joue un peu de piano, Jonny de la guitare et même de la batterie ; le tout est particulièrement décalé, déjanté, bizarroïde. Grand moment !
Just : très puissante et envoûtante, bien qu’un peu confuse dans le son
IdiotequeParanoid Android : Thom, distrait, rate son entrée au chant en arrivant au micro 2 secondes trop tard ; très belle version cependant.
Like Spinning Plates : un autre sommet du concert, une de mes préférées et Thom qui annonce “We dedicate this song to Julian.” Véridique ! Je vous avais bien dit que c’était mon concert privé !
AirbagThe BendsTrue Love Waits : chanson rarement jouée ; ici, Thom n’en a chanté qu’une partie, dans une étrange version au synthé avant d’enchaîner sur la suivante ; demi-chanson, donc, mais bonne surprise
Everything In Its Right Place : une fin classique, avec un son un peu sourd, mais les délires de fin de Ed et Jonny avec leurs pédales et autres instruments de distorsion sont toujours jouissifs.
Les premières gouttes de pluie commencent à tomber sur les arènes deux minutes avant la fin du concert. On a juste le temps de se sauver, de récupérer la voiture et de reprendre la route de la Savoie : 3 heures de conduite en pleine nuit sous une pluie incessante, mais la tête résonnant encore du déluge sonore qui venait de s’abattre. Il fallait vraiment le mériter, ce concert, et il fallait aussi savoir l’apprécier, je pense ! Les réactions m’ont paru mitigées ; la mienne est véritablement enthousiaste, à la fois pour l’événement que je viens de vivre et pour le cadre, toujours aussi enchanteur, dans lequel il s’est déroulé…